Retraite

Le texte ci-dessous concerne essentiellement les régimes de retraite de base (publique) au Japon (première partie) et en France (deuxième partie). La première version date de 2003. A cette époque, les français travaillant au Japon pour plus de 3 ans, mais sans certitude d’être là pour au moins 25 ans, étaient pris dans un terrible dilemme.
Mais en 2004 une certaine harmonisation des systèmes de base français et japonais a été convenue entre les administrations. Cette convention devrait entrer en vigueur fin 2005. J’ajoute en annexe le dernier texte (encore très général) de l’ambassade à ce sujet. Il semble qu’il ne s’agit pas d’une convention qui unifie les cotisations, mais simplement qui permet de recevoir plus facilement la retraite des deux cotés.

La retraite japonaise de base (kokumin nenkin)

Voici des renseignements que j’ai pu avoir à la mairie Japonaise, et qui ne sont pas forcément dans les guides classiques pour étrangers :

Qui?

N’importe qui a le droit de cotiser, même les non-Japonais, à condition d’avoir entre 20 et 60 ans et de vivre sur le territoire japonais. Le système distingue trois catégories de personnes :

  • Cat. 1: Les indépendants (commerçants, professions libérales, étudiants, arubaito,…)
  • Cat. 2: Les employés
  • Cat. 3: Les dépendants (femmes au foyer principalement)

Remarque: Etudiants et post docs, vous avez le droit de cotiser! (contrairement au régime francais.) Mais cette inscription n’est pas obligatoire (contrairement à la secu japonaise). Il faut en faire la demande à la mairie.

Cotisation

Le hic qui touche les étrangers au Japon et qui doit être corrigé pour les français par la convention F-J : la durée minimum de cotisation donnant droit à la pension est de 25 ans! (en additionnant toutes les périodes en catégories différentes). En dessous, aucune retraite n’est versée par le Japon. De plus on ne peut pas cotiser de l’étranger si l’on est pas japonais. C’est à dire, que si vous avez cotisé 20 ans et que vous rentrez, vous ne pouvez pas continuer de cotiser 5 ans pour atteindre 25 ans.

Pour résoudre ce problème, la convention F-J devrait permettre d’atteindre cette durée de 25 ans en totalisant des périodes de travail en France.
La maigre consolation des étrangers : il est possible de récupérer une partie de ses cotisations après retour complet au pays (c’est à dire ne plus avoir de résidence au Japon et attendre quelques mois). MAIS ne sont rendus que 3 ans de cotisation maximum!
Remarque : Il est possible de multiplier les aller-retours, pour récupérer sa mise tous les trois ans (en admettant que l’on peut arrêter son travail quelques mois de temps en temps et que cela soit rentable).
La durée normale de cotisation est de 40 ans (entre 20 et 60 ans). Le tarif est de 13300Y/mois (chiffres datant de 2003) pour tous (+ 400Y optionnels pour Cat.1). Il existe des réductions à moitié ou à gratuité dans certain cas. Le paiement est effectué par débit à la source sur salaire (Cat. 2 et 3) ou par virement volontaire ( Cat. 1 et 3). Il est possible de demander un report de paiement (dans le délai des 25 ans je crois) si on déclare être pauvre. Il semble que ce soit financièrement avantageux et permet de réfléchir quelques années de plus. Si l’on ne paye pas au bout du délai, un malus est appliqué sur la pension de retraite. Si on a oublié de s’inscrire, le rachat des années antérieures n’est possible que pour les 2 années antérieures au jour de rachat.

Bénéfices

L’âge normal de la retraite est de 65 ans. La pension annuelle à 65 ans est calculée ainsi: (2003)
804200 Y x {(nb de mois de cotisation tarif normal) + (nb de mois de cotisation à demi tarif) x 2/3 + (nb de mois de cotisation gratuite) x 1/3}/{40 ans x 12}
Toutefois, le départ à la retraite est possible entre 60 et 70 ans, avec taux correctif sur pension. (à 60 ans, – 30%. A 70ans +40%)
La retraite japonaise peut être versée à l’étranger (il faut penser à faire la demande avant le départ du Japon.)

A qui s’adresser?

A l’employeur (cat. 2 ou 3) ou la mairie (cat. 1 ou 3). Ils fournissent un livret de retraite (nenkin techo) bleu.

 

Cotiser en France

Faut-il cotiser à la retraite de base française? (à la Caisse des Français de l’Etranger)

Il y a partout des recommandations pour s’inscrire à la Caisse des Français de l’Etranger (CFE). La CFE offre la possibilité de cotiser pour la retraite de base française lorsqu’on est à l’étranger (mais pas aux retraites complémentaires.) Faire le choix de payer ou de ne pas payer n’est pas pourtant pas évident.

Résumé du système français pour le secteur privé

Cotisation : proportionnelle au salaire dans la limite d’un salaire plafond (à peu près 15kF/mois en 2003). Le taux est d’environ 16% pour la CFE.
Condition pour départ à la retraite à “taux plein” : avoir cotisé 160 trimestres (40 ans) OU avoir atteint 65 ans (il est possible de partir plus tôt mais la pension est sévèrement amputée).
Pension = salaire moyen sur les 25 meilleures années de cotisation x 0.5 x (nb de trimestres de cotisations/160)
MAIS dans la limite du minimum retraite (~ 3300 F) et du salaire plafond maximum (~ 7350 F)

Y-a-t’il intérêt à cotiser à la retraite de base si ce n’est pas obligatoire?

L’intérêt doit être en rapport avec le coût. Voici le cas édifiant de Pierre Henri et de Marie Bernadette : Pierre Henri ne veut pas cotiser. Au lieu de la sécu, il met de côté chaque année la somme a, pendant n années, et la fait travailler a x % (intérêt – inflation). Il obtient un capital final de a*(1-x^n)/(1-x) (suite géométrique) {pour l’exemple a = 29 kF (~ 15 000 F * 12*16%), n = 40, x = 1.03 (3%)}. Après 40 ans de patience, Pierre Henri dispose d’un capital de 2187 kF, qui lui rapporte un intérêt de 5467 F/mois. Mais Marie Bernadette ne l’entend pas de cette oreille. En bonne civile, elle donne la même somme à la caisse de retraite. Après 40 ans, Marie Bernadette touche sa retraite de 7350F/mois, soit 1883 F de plus que Pierre Henri, et le gausse. Voici ce que lui répond Pierre Henri: Pauvre Marie Bernadette, vous n’avez pas de capital! Pour ne pas être perdante vous devez récupérer au moins les 2187 kF que j’ai avant de quitter ce monde. En épargnant votre avantage {même règle de calcul qu’au dessus avec a = 22.6 kF (~ 1883 F * 12), x = 1.03 (3%)},

  • à 80 ans (n=15) vous aurez récupéré 420 kF,
  • à 100 ans (n =35) vous aurez récupéré 1366 kF,
  • à 111 ans (n = 46) vous aurez récupéré 2180 kF,

Conclusion, vivez jusqu’à 111 ans avant de me gausser!

Cette illustration pour démontrer à quel point le taux de cotisation proposé par la CFE est élevé. Ce serait d’ailleurs la seule caisse de retraite bénéficiaire. (selon les informations de http://www.assemblee-afe.fr/) Je dois dire que la visite de leur appartement dans le VIIIième à Paris m’a laissé un goût amer…
En gros et pour résumer, cotiser revient à faire un placement avec un taux de l’ordre de 1% (pour une durée de vie de 80 ans). Certains préfèreront se débrouiller tout seul. Il faut dire aussi qu’une retraite est un placement particulier, qui bénéficie d’une certaine protection de l’état.

Cotiser peut aussi permettre de partir à la retraite plus tot que 65 ans, si on a commencé de travailler avant 25 ans (25+40=65). Mais c’est à voir au cas par cas. Dans le cas de longues études, il est très possible de ne pas pouvoir atteindre 40 ans de cotisation avant 65 ans de toutes façons. Or à 65 la retraite sécu est offerte à taux plein quelque soit la durée de cotisation.
Le rachat des années de non-cotisation est parfois possible, mais soumis à des conditions sévères (par exemple, la CFE a refusé que je cotise pour mes années de thèse comme boursier du gouvernement Japonais, monbusho.)
Il est aussi important de comprendre que l’obtention du taux plein à la retraite de base (obtenu à 65ans ou après 40 ans de cotisation) conditionne le reversement des retraites complémentaires (privées). Souvent, l’intérêt n’est pas tant la retraite de base en elle même, qui ne rapporte pas beaucoup, mais le droit qu’elle ouvre à toucher des retraites complémentaires.

Cotiser aux retraites complémentaires (gérées par des organismes privés)

Les retraites complémentaires ont un système de points et sont au bout du compte simplement proportionnelles à la somme totale cotisée. Les taux y sont sont un peu plus généreux que la retraite de base (merci le privé). Mais, il faut atteindre le taux plein du système de base pour toucher son argent.
Il est possible de souscrire une retraite complémentaire en France par le groupe Taitbout.
Vous pourrez aussi trouver des infos intéressantes sur http://www.assemblee-afe.fr/

Rédigé le 14/02/2005.

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